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Paris, le 1er septembre 1786.

"  Testament de Joseph Cellony, bourgeois de cette ville résidant à Paris."

Lu et publié en jugement au Châtelet de Paris, enregistré dans les registres de publication dudit Châtelet

du jourd’hui vendredi dix neuf janvier mille sept cent quatre vingt sept.

Copie conservée par AD. 13.

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"JOSEPHII CELLONY"

Après avoir décliné son identité, sa filiation et certifié de son bon état de santé physique et mentale : "Je soussigné né à Aix en Provence fils a feu André Cellony et de feue Victoire Escalier jouissant d’une parfaite santé, libre libre de tous mes sens vue mémoire

entendement de ferme parole considérant la certitude de la mort et l’incertitude de son heure, de mon bon gré pure libre et franche volonté ay fait mon présent testament solennel que j’ay écrit de ma propre main en la forme qui suit.", il recommande son âme à Dieu, désigne son exécuteur testamentaire à Paris en la personne du comte de La Mérindole et le charge de l'organisation de ses obsèques qu'il souhaite modestes, lui laissant le choix du lieu son inhumation : " je recommande mon âme à Dieu à la Vierge Marie et à touts les saints et saintes du paradis pour le salut de mon âme lorsqu’elle se séparera de mon corps. Je laisse le soin de ma sépulture à l’exécuteur de mon testament cy dessous nommé Monsieur le comte de la Mérindole au coin de la rue des prêtres saint Germain (Fig. 39 a, b & c) à l'arbre sec lequel monsieur de la Mérindole ayant la bonté d’exécuter mes intentions à Paris ne sera obligé à rendre aucun compte à mes héritiers de Provence sans quelques prétextes que ce soit le voulant ainsi moy Joseph Cellony testateur ou ceux _ qui voudront avoir cette charité en l’absence d’icelluy ou de _ mes parents recommandant la plus grande simplicité dans mes funérailles et d’y inviter pour cortège douse pauvres auxquels on délivrera six livres à chaque pour avoir assisté à mon enterrement, ils assisteront aussi le lendemain à une messe basse qui sera dite dans la paroisse où j’aurais été ensevely ayant chacun en main un cierge de demi livre qui sera pour eux".

Il poursuit en égrainant les noms de ses légataires, distribuant avec une infinie précision les biens qu'il a la volonté de leur  transmettre. Il fait de son plus jeune frère, Gaspard, son héritier universel, et nomme ses héritiers particuliers : L'Académie de Marseille, Jean-Louis Cellony son frère cadet, Joseph Eyssautier son fidèle ami aixois et son filleul le sieur Clément.

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 * A l'Académie de Marseille, où jadis il avait été honoré par l'amitié de certains de ses membres, il donne six de ses dessins signés de sa main dont deux seront mis sous-verre à ses frais en marque de son "patriotisme" et de son "souvenir", "si elle les juge dignes d’être mis en vue" et un tableau représentant sa version de "La Mort d'Alceste", un sujet en vogue à l'époque largement traité par ses confères, qui sera "envoyé roulé dans une caisse avec quatre parties de sa bordure aux frais de ce qui proviendra de ma rente à Paris". De cette œuvre disparue, il subsiste cependant un dessin préparatoire - plume et encre brune, pierre noire, lavis de sépia, rehaut de blanc sur papier 27.2 x 30.2 cm - conservée par le musée des Beaux-Arts de Marseille, inventaire 1988 2.1. (Fig 40.)

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 * A Jean-Louis Cellony, son frère (1732-1819), ancien procureur au Parlement de Provence, il lègue la somme de 300 livres à prélever  sur les loyers d'une de ses terres sise quartier Monclar aux Milles près d'Aix, alors qu'il désigne Gaspard comme son légataire universel. Il justifie la différence de traitement entre ses deux frères "considérant combien l’état de sa fortune est fort au dessus de celle de notre frère Gaspard, j’ai cru devoir, par équité, m’occuper de rapprocher la situation de l’égalité que nature première de toutes les lois a mis entre frères".

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 * A Joseph Eyssautier, son ami de longue date. D'après l'adresse portée sur la lettre que lui adresse Cellony le 25 septembre1785, il réside à Aix "rue de la Porte-Peinte au coin de la traverse du Figuier" - lire traverse des Eyguesiers - actuelle rue Campra. (Fig. 41).

 

Cellony prend grand soin de l'avenir de son fidèle ami destinataire de la lettre du 25 septembre 1785, le gratifiant d'une part appréciable de son patrimoine. A nouveau il justifie cette décision se fondant sur le comportement exemplaire d'Eyssautier dont l'amitié "[...] la plus constante et la plus désintéressée m’a rendu depuis plus de vingt ans des services essentiels dans la gestion de mes affaires pendant mon absence d’Aix [...]" et d'ajouter, " [...] Depuis l’époque de ma première absence d’Aix après la mort de ma mère ayant reçu du s[ieu]r Eyssautier les preuves les plus constantes de son amitié et de son parfait désintéressement dans tous les soins qu’il a pris de mes affaires ayant a me louer infiniment de sa conduite à mon égard lors qu’à cet égard je lui dois une reconnaissance indispensable je ne dois pas moins indispensablement pourvoir à sa sureté et même à celle des siens après lui. [...]".

Joseph Eyssautier bénéficiera de trois legs mobiliers substantiels, destinés le mettre à l'abri du besoin : des œuvres, un capital et une rente à vie.

   1 - Tous les dessins et estampes contenus dans ses portefeuilles au jour de sa mort, hormis ceux qu'il destine à l'Académie de Marseille.

   2 - Un capital de 600 livres "[...] lui donne et lègue la somme de six cent livres, laquelle somme proviendra, soit des arrérages des pensions viagères, soit de ce qui sera échu ou à échoir de mes constitutions et capitaux que j’ai à Aix, ainsi que du loyer de ma maison sise place de l’hôtel de Ville audit Aix ou de la vente de mes états mobiliers libres et dont je n’aurai pas disposé autrement [...]".

   3 - Une rente viagère, sans doute annuelle, de 100 livres :  "[...] donne et lègue audit sieur Joseph Eyssautier cent livres de rente viagère hypothéquée sur touts et chacuns de mes biens et notamment par privilège spécial sur ma maison sise place de l’Hôtel de Ville qui s’éteindra au jour de son décès [...]". On observera combien Cellony veille à en garantir le versement. Il fait mettre en place une hypothèque sur ses biens et plus particulièrement sur sa maison du centre d’Aix. Cette hypothèque ne pourra être levée qu’à la mort d’Eyssautier, elle constitue ainsi un garde-fou contre un éventuel manquement de son frère Gaspard, son héritier universel. En cas de défaut de paiement de la rente, cette disposition confère à Eyssuatier, devenu le créancier de Gaspard, le droit de faire saisir le bien ou les loyers qu’il produit, lui assurant ainsi un revenu certain jusqu'à sa mort. La lecture du testament laisse entrevoir un fil conducteur. Dans l’expression ses dernières volontés, Joseph Cellony exprime un souhait primordial, c’est celui de protéger au maximum son ami du manque de fortune mais aussi des éventuelles démarches que son frère Gaspard pourrait engager contre lui.

C’est Eyssautier qui se chargeait de faire parvenir à Cellony les revenus de ses biens aixois. Ces envois se faisant par lettre de change qu’il encaissait à Paris, Gaspard pourrait avoir l’idée d’inquiéter Eyssautier après le décès de son frère Joseph. Afin de couper court à toutes contestations, Joseph Cellony donne décharge à son ami et lui confère le droit de conserver les sommes qui auront été encaissées et non expédiées au jour de son décès  ainsi que les six derniers mois du loyers de sa maison d'Aix :  "[...] en conséquence, je déclare par le présent testament avoir continuellement  perçu par lettre de change expédiées par le sieur Eyssautier [...] le montant tant des principaux aliénés par mon autorisation et en vertu de ma procuration que de leurs intérêts autres pensions actuellement subsistantes ainsi que des loyers de ma maison sise sur la place de l’Hôtel de Ville. Je déclare avoir reçu le tout et quoiqu’il puise consister [...] que la déclaration présente lui sera décharge totale et finale fait pour ledit Eysautier comme pour les siens. J’interdis nommément mes héritiers quelconques de demander absolument aucun compte audit sieur Eysautier de ce qui aura été fait par lui avant mon décès l’autorise à le refuser et pour cimenter [...] mon attention prise à cet égard je lui lègue les montants des pensions detenues au jour de mon décès ainsi que le semestre du loyer de ma maison [...]". Et de compléter ses dispositions "[...] le sieur Eyssautier ne remettra à mon héritier à Aix [...] les papiers concernant les constitutions de rente qui me sont faites audit Aix ceux concernant ma maison sise place de l’Hôtel de Ville et le bail qu’après en avoir fait usage s’il est nécessaire pour la perception desdits arrérages, lègue spécialement audit sieur Eyssautier pour interdire à mon héritier toutes demandes et recherche  et garantir ledit Eyssautier de toute discussion[...]". Il poursuit, invitant Gaspard à un comportement digne et respectueux de ses volontés : "Mon héritier me donnerait une marque d’ingratitude et que je ne présume pas s’il n’approuvait dans le fond de son cœur les effets de ma juste reconnaissance envers mon ami le sieur Eyssautier[...]"  et s’excusant du peu de biens qu’il lui laisse, il lui souhaite de rencontrer l’amitié vraie, une richesse inestimable, à l'image de celle qui l'a uni à Eyssautier durant trente cinq ans  " [...] l’état modique de ma fortune ne m’a pas permis de laisser beaucoup à mon hériter à qui je souhaite pour augmentation de son dû cellui d’avoir un ami aussi irréprochable et aussi vrai que l’a été pour moy ledit sieur Eyssautier ce témoignage que je lui dois est a la suitte est a la suitte  de trente cinq ans d’estime, [...]".

Puis, de manière à cimenter les dispositions prises en faveur de son cher ami, si ce dernier survivait à son frère Gaspard, il évoque deux hypothèses dans lesquelles Eyssautier percevrait quoiqu’il en soit une rente de 100 livres jusqu’à son décès :

 1- Dans l'éventualité où Gaspard décèderait sans descendance : Cellony lui substitue son filleul Joseph Maximin Clément, celui-ci héritera alors des biens de Joseph Cellony contenus dans le patrimoine de son frère Gaspard au jour de son décès. Dans ce cas, cependant, Clément sera tenu de continuer à servir la rente à Eyssautier jusqu’au jour de la mort de ce dernier.

"[...] nomme et institue le susdit Joseph Maximin Clément pour être substitué à mon frère Gaspard Cellony après son décès dans le cas où il mourrait sans enfants pour jouir ledit filleul de mon héritage à ses plaisirs et volontés se soumettant ledit Gaspard Cellony et le sieur Joseph Maximin à la pension viagère de cent livres payables audit sieur Eyssautier jusqu’à son décès [...]".

 2 - Si Gaspard venait à avoir des enfants, à son décès, ses descendants seraient alors tenus de pouvoir au versement de la rente dont Eyssautier est bénéficiaire à vie. Cette rente, objet de toutes les inquiétudes de Joseph, passerait au décès de son ami Eyssautier à Joseph Maximin Clément jusqu’à la mort de ce dernier : "[...] mon frère Gaspard se mariant et ayant enfants la dite pension substituée après le décès du sieur Eyssautier à mon filleul Joseph Maximin Clément jusqu’à son décès le voulant ainsi moi Joseph Cellony testateur [...]".

En conséquence et afin résumer ce développement dont la complexité n'a d'égal que l'inquiétude de Cellony à l'égard des moyens de subsistance de son ami :

   Eyssautier est garanti de percevoir une rente de 100 livres tout au long de sa vie, soit par l’intermédiaire de Gaspard puis ses éventuels descendants, soit par Joseph Maximin Clément.

 * Et Joseph Maximin Clément, lui, sera selon le cas : héritier substitué, chargé de verser la rente à Eyssautier ; ou seulement                bénéficiaire de la rente viagère qui, dans cette hypothèse, lui serait versée par les enfants de Gaspard...

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Une rente pour deux : un filleul, un ami...

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Qui est Joseph Maximin Clément ?

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Cellony nous le présente :

"[...] Joseph Maximin fils d’Henry Joseph Clément et de de[mois]elle Marguerite Aubert

comme le fils d’un de mes plus proches parents du coté maternel étant mon filleul [...]".

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Joseph Maximin n’est donc pas uniquement le filleul de Joseph, il fait également partie de sa famille.

Ses parents, Joseph Henry et Marguerite Aubert se marient à Aix le 25 juillet 1747, (Fig. 42). Lui, marchand à Aix est le fils de feu Henry Clément et de Madeleine Ricard qui se sont unis à Aix le 25 octobre 1722, (Fig. 43). L’épouse est issue du mariage, entre Claude Ricard et Françoise Perrinet, célébré à Aix le 19 février 1689, (Fig. 44) ; laquelle Françoise est à la fois, la fille de Pierre et

d’Anne Gras, et, la sœur de Marie Perrinet mariée à Jean Escallier le 29 avril 1698, ( Fig. 45), qui eux sont les parents de Victoire l'épouse de Joseph André Cellony, (Fig. 46), les père et mère de Joseph, le testateur ...

En conséquence, le père de Joseph Maximin Clément, le filleul, et Joseph Cellony sont cousins issus de germains. (Fig. 47).

Ce lien de parenté sensiblement éloigné entre le donataire, Joseph Cellony, et son héritier potentiel, son filleul Joseph Maximin Clément, est la preuve de l’intérêt que Joseph portait à ses racines familiales aixoises dont pourtant il semble n'avoir qu'un souvenir confus...

Lorsqu'il évoque les circonstances qui l'ont amené à devenir parrain de Joseph Maximin Clément, il donne une information capitale permettant de dater approximativement la date du baptême de son filleul, il précise : "[...] mon filleul que j’ai tenu sur les fonds baptismaux de la cathédrale Saint-Sauveur dudit Aix pour remplacer défunte ma mère qui devait être sa marraine si la mort ne l’eut pas surprise [...]" Le baptême a alors eu lieu après le décès de sa mère Victoire, en 1761. Dans les registres paroissiaux d’Aix, le 7 mai 1761, on retrouve en effet la naissance d’un fils d’Henry Clément et de Marguerite Aubert. La lecture de cet acte va créer la surprise...

Joseph Cellony est, sans doute possible, le parrain de l’enfant baptisé à Saint-Sauveur. Toutefois, le nouveau né qu’il porte sur les fonds baptismaux ce jour là est prénommé Alexandre Paulin et non Joseph Maximin comme il le consigne à plusieurs reprises dans son testament ! (Fig. 48).

Éloigné d'Aix depuis plus de vingt ans, il aura confondu les enfants Clément ...

Joseph Maximin Clément, qui a pour vocation d’être subsisté à Gaspard Cellony par la volonté du testateur, n’est autre que le frère aîné de l’authentique filleul de Joseph Cellony : Alexandre Paulin Clément.

L’acte de baptême de Joseph Henri Maximin Clément, né à Aix le 5 juillet 1758, (Fig. 49), certifie que le parrain de l’enfant est François Perrinet, l’un de ses parents de la branche Perrinet vectrice du lien de parenté qui unit les Cellony aux Clément.

Nous ne connaissons pas quel a été le destin d’Alexandre Paulin Clément, en revanche, les précieuses archives paroissiales et d’état civil nous livrent des informations sur l’existence de Joseph Henri Maximin.

A 42 ans il prit pour épouse la jeune Marie Madeleine Adélaïde Barras âgée, elle, de 24 ans. Les noces furent célébrées à Aix en la cathédrale Saint-Sauveur, le 21 octobre 1800. (Fig. 50).

Le 20 juin 1809, il est l’un des témoins au mariage de Polixène Le Blanc de Castillon qui épouse à l’âge de 28 ans, à la mairie d’Aix, Joseph Amédée Xavier Boisson de La Salle, ancien magistrat, âgé de 54 ans. Les témoins du mariage sont de Prosper Le Blanc de Castillon, frère de l’épouse, Emmanuel de Boyer de Fonscolombe ancien magistrat, Antoine Laurent Michel Aude, professeur de droit romain et officier de l’Université, et Joseph Henry Maximin Clément négociant...

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Le 25 janvier 1819 à Aix, il apparait en tant que témoin dans l’acte de mariage de sa nièce, Thérèse Chausaud avec André Laurent Aimé Feraud, avocat à la Cour. Hormis le fait qu’il nous livre l’existence d’une sœur - nommée Élisabeth Françoise Clément, épouse de Pierre Paulin Chausaud, également avocat en la Cour - cet acte fait état de l'appartenance de Joseph Henri Maximin Clément à l’Ordre de Saint-Michel, et, nous indique qu’en 1819, il réside à Aix au numéro 14 de la rue de La Glacière, rue située entre le Cours Mirabeau et la Place de l’Hôtel de Ville : "Joseph Henri Maximin Clément, négociant, chevalier de l’Ordre Royal de Saint-Michel, oncle maternel de l’épouse, âgé de soixante ans demeurant rue de la Glacière n°14 [...]". (Fig. 51).

Il vécut jusqu’à l’âge de 81 ans ; dans son acte de décès en date du 21 janvier 1840, (Fig. 52), il réside au numéro 10 de la rue du Pont, au sujet de laquelle Roux Alphéran écrivait : « le nom de cette rue, le seul qu'elle ait jamais porté, lui vient de ce que deux maisons situées en face l'une de l'autre avaient été réunies par un arceau placé en travers de la rue et qui avait la figure d'un pont. En entrant dans cette rue par celle de la Verrerie, la première maison qui se présente à gauche et qui a trois façades envisageant les rues du Pont, de l'Annonciade et de Magnan appartenait à la famille noble de Lalande». (Fig. 51).

"joseph II cellony"

Après la confusion de prénoms opérée par Joseph Cellony dans son testament, on devine la discussion animée entre les frères Clément alors que les circonstances ont amené un Monsieur Clément à se substituer à Gaspard...

Qui des deux Clément aura été le bénéficiaire des faveurs testamentaires de Joseph Cellony, l’incontestable filleul Alexandre Paulin ou bien Joseph Henry Maximin clairement mentionné par Cellony dans son testament ? ... 

Qui est  Joseph Eyssautier le si cher ami de Joseph Cellony ?

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De Joseph Eyssautier son ami aixois, Cellony ne livre aucuns renseignements permettant de l’identifier. Le seul élément dont nous disposons à son sujet c’est son adresse telle qu’elle est indiquée sur le courrier de 1785 « rue porte peinte au coin de la traverse du figuier [lire des Eyguesiers] à Aix ». C’est à partir de cette unique information que nous tenterons de l’identifier.

Le seul Joseph Eyssautier, contemporain de Cellony, que l’on découvre à Aix s’y marie le 21 septembre 1795 avec Ursule Trouilhas. L’époux, âgé de 74 ans, qualifié de propriétaire, est « domicilié depuis longtemps en cette commune d’Aix, y résidant isle 150 n° 44 section des Piques » (Fig. 53). On observera que l’épouse est également domiciliée à cette même adresse. L’acte rédigé durant la période révolutionnaire en porte les attributs, il s’agit d’une adresse utilisée le temps cette période agitée durant laquelle les noms des rues et quartiers avaient été modifiés ; les sections étaient des unités de vote - la commune d'Aix était partagée en six sections - force est de constater que l’adresse indiquée dans l'acte de mariage est bien peu éloquente.

Quand nous retrouverons les actes de décès des deux époux Eyssautier espérant y lire une adresse localisable, nous serons à nouveau confrontés aux mêmes difficultés :

Le 27 avril 1806, Joseph Eyssautier, époux de Ursule Trouilhas, décède à son domicile aixois : Ile 150 n°44.

Antoine Trouchon, cordonnier et voisin du décédé demeurant Ile 150 n°35, est l’un des témoins à l’acte. (Fig. 54).

Le 19 juin 1810, Ursule Trouilhas, veuve Eyssautier, meurt également à son domicile à Aix : Ile 150 n°35.

L’un des témoins à l’acte est à nouveau le voisin cordonnier : le sieur Antoine Trouchon... (Fig. 55).

En suivant la piste du témoin, nous trouverons l’acte de mariage, à Aix, de Marie Anne Victoire Trouchon la fille d’Antoine André Trouchon, cordonnier et voisin des Eyssautier. C’est par cet acte que le salut viendra.

Il est fait état de l’adresse de l’épouse. Au jour de ses noces, le 17 juin 1794, elle loge chez ses parents, à Aix, rue du Griffon, section des Piques « [...] la citoyenne Marie Anne Victoire Trouchon agée de plus de vingt un ans, fille majeure d’Antoine André Trouchon, cordonnier, et de Marie Anne Perrinet native de la commune de Cadenet département de Vaucluse domiciliée depuis longues années avec ses père et mère en cette commune d’Aix y résidents rue du Griffon arrondissement des Piques [...] ». (Fig. 56).

En conséquence, en 1794, Antoine Trouchon, le voisin témoin aux décès des époux Eyssautier en 1806 et 1810, demeure rue du Griffon, laquelle rue débouche précisément à l’angle de la rue de la Porte Peinte et de la traverse des Eyguesiers exactement à l'endroit où réside Joseph Eyssautier selon l’indication portée sur la lettre qui lui est adressée par Cellony en 1785. (Fig. 57).

Il est fort à parier que Joseph Eyssautier, ami de Cellony, et Joseph Eyssautier, époux d’Ursule Trouilhas, sont une seule et même personne ...

"JOSEPH II CELLONY"

Joseph Eyssautier né le 17 février 1721 à Villelaure dans le Vaucluse (Fig. 58), il est issu d'une famille de notables aixois. Son père Melchior est dit bourgeois d’Aix ; son grand-père, Gaspard, et, le frère de ce dernier, Michel, ont été procureurs au parlement de Provence, comme l'était le parrain d'Eyssautier, Joseph de Joannis, qui lui donna son prénom en 1721. Une branche "d'Eyssautier " donna de vaillants défenseurs du Royaume, des avocats, des notaires ... 

Joseph Eyssautier décède en 1806 après avoir exprimé ses dernières volontés par lesquelles il lègue à l’Hospice des Incurables d’Aix la moitié de sa succession, déduction faites de quelques legs particuliers, et réserve l’usufruit de ses biens, au jour de son décès, à sa veuve Ursule Trouilhas. (Fig. 59). Eyssautier ne semble pas avoir été dans une situation financière pénible, pour autant, Joseph Cellony crut bon de le nommer, avec beaucoup d’insistance, bénéficiaire d'une rente viagère de 100 livres ...

Publié en février 2017

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Crazy Little Thing Called Love
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