top of page

Les galères dans le port et la rade de Marseille 1584.

Carte de Marseille, gravure extraite de l'Atlas de Braun et Hogenberg. 

Scanné de Coureurs des mers, Poivre d'Arvor

Juillet 2017

Jean-Baptiste d'Arcussia de Garnier.

 

[ Ginasservis le 9 novembre 1657 -  Marseille le 19 mars 1707 ]

Chirurgien-major d'une des galères du Roi.

 Fils de Louis d'Arcussia d'Esparron & d'Honorade Rebufat.

Jean-Baptiste d'Arcussia n'a que neuf ans lorsque son père, le chevalier Louis d'Arcussia, décède à Esparron en 1667 laissant sa compagne Honorade en charge d'une demi-douzaine d'enfants.

Né à Ginasservis le 9 novembre 1657, reconnu postérieurement par son père, Jean-Baptiste épouse, à Aix-en-Provence le 15 septembre1685, Madeleine Audibert alors "âgée d'environ 30 ans" et originaire de la ville de la Ciotat. (Images 1 & 2.)

 "M (essi)r(e) Jean-Baptiste d’Arcussy du lieu de

Ginasservy âgé d’environ vingt huit ans,

fils naturel de feu noble Louys et de feue

Honnorade Rebufat ce jourdhuy quinzième…"

Pour des raisons qui restent inconnues, le couple établit un contrat de mariage en 1701, seize années après leur mariage religieux.

Cet acte précise que l'épouse, Madeleine Audibert, est la veuve de Jean Boyer qu'elle avait épousé le 19 janvier 1666 :

"[...] Magdallene AUDIBERT fille de feu Louis
 et de d(emoiselle) Catherine FASSI
et vefve de Jean BOYER
 vivant bourgeois; elle natifve du lieu de La
 CIEUTAT d'autre, ayant esté céllébré en face de notre
 Ste mère Eglise et dans celle de la paroisse de Ste
 Magdallene de la ville d'AIX puys le quiziesme jour de 7bre  
mil six cent quatre vingt et cinq, ainsi qu'il apert

 du certificat de les(dites) espouzailles fait par m(essire)
 HENRICI prestre et vicaire de la(dite) parroisse
 presanté exibé [...]
 que les parties ne rédigerent pas par
 escript les accords et conventions
entre elles
 arrêtées et d'aucun lhors dudit mariage [...]"

Ce contrat de mariage tardif, passé entre les époux en 1701, nous indique que Jean-Baptiste exerce la fonction de chirurgien-major sur l’une des galères de Louis XIV : l’Ambitieuse. Le couple est installé à Marseille. Pour des raisons que l'on ignore, Jean-Baptiste accole au patronyme légué par son père la mention "de Garnier" qui pourrait être le nom d'une terre qu'il possédait ...

"Au nom de Dieu soist il. L'an
 mil sept cent et le segond j[our] d'avril avant
 midi; régnant très chrétien prince quator[zième]
 du nom par la grâce de Dieu roi de France et de
 Navarre comte de Provence, comme ainsi soit
 que le mariage tracté et accordé par paroles
 de futur entre s[ieur] Jean-Baptiste Darcussia
 de Garnier,
chirurgien major d'une des galères

 du Roy ap[p]ellée l'Embicieuze, originaire du lieu
 de Ginas[s]ervy diocèze d'Aix, habitant des quels
 temps en ceste ville de Marseille, fils de feux Louÿs
 et de d[emois]elle Honorade Rebuffat
d'une part, et d[emois]elle
 Magdallene Audibert [...]"

(Image 3.)

GALERE DU ROI.JPG

Le 18 août 1701, quelques mois après la signature de cet acte, son épouse Madeleine Audibert décède à Marseille.

La dépouille de la défunte est "prise rue des Chapelliers", ce qui laisse à penser que le couple y résidait ; elle est inhumée le jour même, ses obsèques ont lieu en l'église Saint-Martin sise à quelques pas de son domicile présumé. (Images 4, 5 a, 5 b, 5 c & 5 d).

L'église Saint-Martin était située dans le 1er arrondissement de Marseille, elle a été rasée en 1887 pour la réalisation de la rue Colbert.

Jean-Baptiste est âgé de 43 ans, il est veuf et semble-t-il sans enfants.

Après trois années de veuvage, le 9 mars 1704, il s'unit en secondes noces à Anne Cauvet, originaire de la ville de Marseille,  fille de Gaspard et de Catherine Urtis.

Anne est également veuve, elle avait épousé, le 14 février 1682, Louis François Daniel David.

De cette union était née une fille, Catherine,  âgée de 7 ans lors du remariage de sa mère avec Jean-Baptiste d'Arcussia.

L'existence de cet enfant, issue du premier mariage de sa mère, nous est révélée par son acte de mariage avec Joseph Surville le 7 juin 1713  : lui est veuf et âgé de trente deux ans ; elle, Catherine, n'en a que seize. Sa mère, Anne, veuve pour la seconde fois, est présente au mariage.

Catherine et Antoine Surville auront eux-même une fille, prénommée Marie Anne, qui épousera, Antoine Conte, un fabricant de bas, le 6 août 1737 à Marseille. L'épouse, petite-fille de la veuve de Jean-Baptiste, habite rue du Cheval Blanc.

(Images 6,7, 8, 9, 10 & 11).

Dans l'acte de mariage du couple Arcussia (d') x Cauvet en date du 9 mars 1704, apparaît un témoin qui a son importance :

Joseph Blanc.

[...] Jean Baptiste Darcussia Garnier m[aîtr]e chirurgien

 d’une galère du Roy fils de f[e]u Louis et de f[e]ue  Honnorade Rebufat

de Marseille agé de 46 ans d’une part et hon[nête] famme Anne Cauvet fille

a f[e]u Gaspard et de f[e]ue Catherine Urtis de Marseille agée de 38 ans

[...] en présence des temoins [...] Joseph Blanc bourgeois [...]

Bien que le prêtre n'en fasse pas état, Joseph Blanc est l'époux de la sœur cadette de Jean-Baptiste : Madeleine Darcussi dont on retrouve le mariage à Marseille en 1693.

La présence de ce beau-frère le jour des secondes noces nous laisse entrevoir des liens de proximité forts qui unissaient les deux familles ; ceux-ci sont confirmés par l'acte de baptême de la fille de Madeleine d'Arcussia et de Joseph Blanc : Marie Anne Blanc.

Née et baptisée le 8 février 1706 à Marseille, le parrain de Marie Anne n'est autre que son oncle maternel, Jean-Baptiste d'Arcussia de Garnier, la marraine est Anne Cauvet, la seconde épouse de ce dernier. 

Observations:

*  Jean-Baptiste signe "Garnier", abandonnant le patronyme "d'Arcussia" au profit de ce qui est probablement le nom d'une possession.

* Le prêtre ne connait pas la mère de l'enfant sous le nom de "d'Arcussia", il la nomme : "Darqus" ... (Image 12).

"Marie Anne Blanc fille de Joseph et de Madelaine Darqus

née et baptisée le 8 février, le parrain s[ieu]r Jean Baptiste

Darcusia Garnier, la marraine demoiselle Anne Cauvet

la marraine iliteree"

Jean-Baptiste décède à Marseille à l'âge de 49 ans, sans descendance connue, il est toujours chirurgien sur une galère du Roi.

L'acte rapporte que la mort l'a frappé dans la soirée du 19 mars 1707, entre 22 et 23 heures, après avoir reçu les sacrements ; on peut présumer qu'il est mort à son domicile marseillais "proche La Campane" à l'angle de la rue du Cheval Blanc qui sera le lieu de résidence de Marie Anne Surville, petite-fille de sa seconde épouse, le jour de ses noces avec Antoine Conte en 1737.

Il est enseveli le lendemain dans l'église de Notre-Dame-des-Accoules qui fut détruite en 1794 durant l'agitation révolutionnaire ; l'église des Accoules aurait été le lieu de rendez-vous d'insurgés. Ne subsiste, de cette époque, que son clocher classé au titre des monuments historiques. (Image 13,14 & 15). Tout proche de ce que les marseillais nomment "les Accoules" se trouve la place de Vivaux où, une quarantaine d'années plus tôt, étaient vendues aux enchères les hardes du chevalier Louis d'Arcussia d'Esparron, son père ...

"Dudit iour

S[ieu]r Jean Baptiste d’Arcusias de Granier cy devant chirurgien de galere

agé d’environ quarante six ans mort hier au soir sur les dix a onze

heures après avoir recu les sacremens pris proche la Campane

enseveli dans cette église temoins s[ieu]r Claude Blacas et Octavien Pierre

voisins et connaissances signes avec moy vicaire soub[sign]é Blacas, Pierre

arnaud vic[ai]re ainsi a l’original."

Jean-Baptiste fut témoin du développement de l’Arsenal des galères de Marseille créé en 1680 par Louis XIV. Le nouvel Arsenal occupe le quai de Rive Neuve. La porte d’entrée empruntée par le chirurgien-major se situe à l’Est en bordure de l’actuelle rue Paradis. Au-dessus de cette porte Jean-Baptiste pouvait lire :

 

" Le grand Louis aux flottes invincibles a bâti cette citadelle;

 d’ici il dicte ses lois à la mer domptée".

  Plan de la ville, du port et de la citadelle de Marseille vers 1700, avec l'arsenal des galères. BNF.

Mis en ligne juillet 2017

Crazy Little Thing Called Love
00:00 / 02:49
bottom of page